Les ombres de Wild Fell

WILD FELL ROMANPour célébrer Halloween comme il se doit, je me suis lancée ces dernières semaines dans des lectures de saison (j’en ai à foison dans ma PAL). Je suis toujours aussi friande de récits frissonnants bien glaçants, et j’avoue avoir une petite faiblesse pour les histoires de revenants aux accents gothiques, en particulier si elles prennent pour cadre une vieille demeure inquiétante et énigmatique au beau milieu d’une campagne esseulée. Mon attention s’est donc naturellement portée sur ce roman estampillé « terreur ».

Les ombres de Wild fell est un drôle de livre glaçant qui m’a finalement perturbée voire même parfois déconcertée. Les premières scènes du livre m’avaient pourtant filé une sacrée frousse mais au fil des pages, la lassitude a progressivement pris le dessus sur la curiosité, et mon attrait pour l’histoire s’est réellement affaibli, et ce dès l’introduction d’un passage pour le moins glauque et malsain. L’auteur a en effet cédé au désir mercantile d’appâter le lecteur coûte que coûte en ajoutant quelques scènes de sexe bien crues et franchement dégoûtantes pour évoquer avec une certaine maladresse les thématiques de l’inceste et de la pédophilie. Ce choix racoleur de l’écrivain a terni mon plaisir de lecture. Dès lors, le livre n’avait pour moi plus grand intérêt, je n’ai d’ailleurs pas du tout aimé la tournure qu’ont pris les événements. L’intrigue déjà pour le moins sulfureuse s’est réduite au fur et à mesure à une peau de chagrin car le dénouement est indéniablement mauvais. La fin est de ce fait complètement tirée par les cheveux. A l’issue de cette lecture décevante, j’ai eu  l’impression désagréable d’avoir perdu un temps précieux et m’être fait quelque peu berner comme si l’auteur s’était contenté d’une ébauche, à défaut de produire un roman vraiment abouti. Je comprends mieux pourquoi ce livre est passé quasiment inaperçu ces dernières années et a été très peu chroniqué sur la toile. Il est en fin de compte peu mémorable.

J’étais pourtant entrée très aisément dans cette lecture angoissante. L’île isolée de Black Island et de la demeure Wild fell m’avaient toutes deux rappelé la maison effroyable des marais présente dans La dame en noir, une histoire hypnotique de fantômes qui m’avait fait dressé les cheveux sur la tête et qui m’avait ensorcelée (mon billet ici) … J’ai d’ailleurs retrouvé une atmosphère oppressante analogue à cette novella terrifique car il y était ici aussi question d’une entité délétère en quête de vengeance, un aspect presque incontournable lorsqu’il s’agit d’un roman sur le thème de la possession. Cependant, la fin s’est révélée bien décevante en comparaison de la première partie du roman que j’ai lu pourtant avec avidité bien qu’avec une certaine appréhension.

Le roman s’ouvre en effet sur un rendez-vous au bord d’un lac (the Devil’s Lake), l’ambiance est bucolique et  plutôt romantique. L’histoire dès les premières pages, inquiétante, débute dans les années 60 au fin fond d’une forêt canadienne non loin de la ville d’Alvina. Deux jeunes amants, Brenda et Sean,  découvrent les premiers affres de l’amour. Ils décident de prendre une petite barque pour traverser au clair de lune l’étendue d’eau insondable qui s’étend sous leurs yeux, après avoir aperçu au loin, dans les ténèbres brumeuses, la fameuse demeure délabrée de Wild fell qui abriterait en son sein les fantômes de l’ancienne famille des Blackmore, établie sur ces rives au XIXème siècle. Les membres de cette dernière auraient tous péri non loin de cette bâtisse gothique isolée, dans des circonstances pour le moins étranges… Les deux jeunes gens n’arriveront jamais à bon port… Brenda prise soudain d’un sentiment de panique persuade son compagnon de faire demi-tour pendant qu’il en est encore temps. Le garçon accepte avec réticence sa requête et les amoureux s’installent à la lisière du lac pour s’endormir devant un feu improvisé lorsque des papillons de nuit gigantesques prennent progressivement les lieux d’assaut…  Le lendemain, les deux tourtereaux seront portés disparus et leurs dépouilles bientôt repêchées, flottant au milieu du lac… Que s’est-il vraiment produit durant cette nuit dramatique qui marquera à jamais la petite ville d’Alvina? Ce mystère hantera encore les habitants durant de nombreuses décennies jusqu’à ce que l’arrivée d’un homme prétendant être le nouveau propriétaire de ces lieux maudits ne rouvre les plaies du passé…

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Un tel résumé donnait donc l’eau à la bouche. La partie plus moderne du livre consacré à ce fameux propriétaire que le lecteur suit depuis son enfance à l’âge adulte s’est révélée néanmoins plus bâclée et tarabiscotée. L’auteur nous perd parfois dans le dédale des couloirs du temps, l’intrigue n’étant en effet jamais réellement linéaire. On se demande parfois où le romancier souhaite nous mener, et lorsque j’ai enfin découvert le fin mot de l’histoire, j’ai été à mon grand regret profondément déçue par le caractère presque grotesque du dénouement. Le seul point positif de cette histoire de fantômes bancale et brouillonne était la trouvaille géniale des miroirs qui permettent à l’étrange et énigmatique entité maléfique de communiquer avec le narrateur, nouveau propriétaire de Wild fell, et lui permet comme un portail donnant sur une autre dimension d’ouvrir des passages pour sévir dans le monde réel et étendre son pouvoir néfaste. Le reste est sans intérêt. Je choisirai la prochaine fois une meilleure pioche, peut-être reviendrai-je à une valeur sûre en me plongeant dans un bon Stephen King. Des idées?

Pour conclure, cette histoire de revenants un tantinet faiblarde n’est malheureusement pas parvenue à me convaincre malgré certains passages pourtant terrifiants. La fin est mauvaise et les scènes de sexe franchement glauques et immondes ont rendu cette lecture déplaisante. Et hop! Un roman de plus qui allégera mes étagères et finira directement dans une boîte à livres. Dommage… Si vous êtes à la recherche d’une lecture angoissante et efficace pour ce mois-ci, voici ici une meilleure idée. La maison des oubliées était une très bonne pioche et m’a donné quelques sueurs froides.

Nouvelle participation au challenge Le mois Halloween en association avec Le challenge Cottagecore.

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10 commentaires pour Les ombres de Wild Fell

  1. Hilde dit :

    C’est vraiment dommage, ça semblait prometteur avec cette couverture très attirante ! J’ai parfois été déçue aussi par certaines histoires de vieilles demeures hantées.

  2. Chicky Poo dit :

    Oups ! Je ne connais pas du tout ce roman, mais je passe volontiers mon tour 😉

  3. alexmotmots dit :

    Des ombres peu convaincantes, donc.

  4. Carfax dit :

    bonjour, comment vas tu? merci de ton avis. je ne connais pas ce livre et donc je passerai mon chemin. passe un bon lundi et à bientôt!

  5. rachel dit :

    Bon bin…je passe mon trou alors….deja que les histoires d’inceste/pedophile ne sont pas pour moi..et lala c’est glauque…alors non….

  6. Marjorie de Bazouges dit :

    Bon … Pas facile de trouver un roman dans ce thème.

On papote?