Le destin blanc de Miyuki /Le kimono blanc

OIPEn furetant à la médiathèque de ma ville, j’ai déniché deux albums illustrés jeunesse qui m’ont d’emblée tapé dans l’œil. Si ces deux beaux livres sont davantage destinés à des enfants, je me suis tout de même régalée à leur lecture. J’ai admiré la finesse des illustrations d’un goût exquis, et ai eu finalement envie d’acquérir mes propres versions pour compléter la petite bibliothèque de ma fille. 

En sélectionnant ces deux histoires, j’ai réalisé avec surprise que les thématiques abordées étaient étroitement liées. En effet, elles évoquent toutes deux avec grâce les thèmes de la mort et du passage du temps. Elles mettent également en scène des fillettes ravissantes à la chevelure d’ébène. 

Le destin blanc de Miyuki est un grand coup de coeur. Ce conte très étrange mais enchanteur prend pour toile de fond le Japon féodal. Deux clans se querellent depuis de nombreuses années, les royaumes des Takeshi et de Chikao. Un jour, Takeshi franchit le point de non retour en enlevant la fille adorée de Chikao et en effaçant toute trace de son passé. Il lui donne une nouvelle identité et la confie à un couple de paysans. A mesure que les années passent et que la jeune fille désormais surnommée Aiko s’embellit, Takeshi s’éprend de sa captive et décide de l’épouser. De leur union naît une petite fille au caractère doux et aussi jolie que sa mère. Malheureusement, Miyaki semble hantée par les fantômes du passé de ses parents. La nuit, elle fait de curieux rêves qui la mèneront à rencontrer son grand-père malade et mourant …

downloadCette histoire émouvante qui traite avec habileté de la vieillesse tout comme de la vie et de sa finalité est étonnamment dense pour un livre de jeunesse. La parcours initiatique de cette petite fille sensible nous transporte dans un univers doux et rythmé par le passage des saisons. La nature tient d’ailleurs une place prépondérante dans ce conte. Il en va de même dans Le kimono blanc. Cette courte histoire nous conte également les liens intergénérationnels et l’empreinte indélébile que laissent les aïeux à leurs descendants. Ces derniers font partie d’eux-mêmes. Dans cette petite histoire, une petite fille attend fébrilement à chaque printemps l’arrivée de sa grand-mère qui franchit les sentiers du Fujisan pour venir cueillir des herbes médicinales. Cette année, l’aïeule n’a pu parcourir le chemin tortueux ; elle a préféré rester pour contempler la montagne qui s’offre à elle. Elle est fatiguée et ne se nourrit plus que de bouillon que lui apporte son fils de plus en plus inquiet. Keiko attend patiemment son arrivée jusqu’au jour où sa grand-mère lui annonce qu’elle veut revêtir le kimono blanc…

Voilà encore un joli conte teinté de mélancolie qui annonce avec finesse la mort inéluctable aux enfants. Cette thématique est en effet suggérée avec délicatesse. Si ce petit livre est d’une tristesse à pleurer, il pose néanmoins un regard intéressant sur le deuil qui diffère grandement de notre vision occidentale. La mort, incarnée par la couleur blanche très présente ici (les japonais croyant que le défunt se transforme en corps de lumière à sa disparition), n’est ainsi pas perçue comme une fin en soi mais comme un prolongement. L’âme du grand-père brisé par le chagrin dans Le destin blanc de Miyuki tout comme celle de l’aïeule de Keiko rejoignent avec dignité, lorsque leur mission semble terminée sur terre, les neiges blanches. Une image d’une beauté saisissante renforcée par des illustrations aux couleurs écarlates et ocres somptueuses.

En bref : ces deux albums illustrés sont de toute beauté. Ils racontent avec tendresse et grâce l’amour indéfectible de deux enfants pour leurs aïeux et la disparition de ces êtres chers qui ont marqué leur jeunesse. A mettre entre toutes les mains et à découvrir à partir de trois/quatre ans. Une façon intelligente d’introduire ce sujet délicat et si douloureux aux jeunes enfants.

Lectures effectuées dans le cadre du challenge Un mois au Japon organisées par Lou et Hilde

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6 commentaires pour Le destin blanc de Miyuki /Le kimono blanc

  1. Chicky Poo dit :

    J’aime beaucoup la couverture du premier, il a l’air drôlement joli ! Par contre, j’ai déjà croisé le second et je n’accroche pas du tout au graphisme. Il en faut pour tous les goûts comme on dit ! 😉

  2. Milly dit :

    J’adore les albums asiatiques (Japonais dans ce cas-ci) C’est noté. Je vais tenter de les retrouver dans ma bibliothèque également. 🙂

  3. rachel dit :

    Ouah deux belles histoires….a decouvrir alors

On papote?