Agatha Raisin, une quinqua carriériste londonienne un tantinet pète-sec, décide de plaquer sa vie de citadine pour prendre sa retraite dans les Cotswolds et réaliser ainsi son rêve d’enfance, celui d’acquérir un joli cottage bien douillet et coquet. Mais à peine arrivée  dans la petite bourgade paisible de Carsely, voilà qu’elle déchante vite ! Si l’endroit digne d’une carte postale est à première vue enchanteur, l’ennui la gagne pourtant rapidement… Point d’excitation dans ce village trop calme à son goût où seules les kermesses et les compétitions culinaires semblent les principales attractions des habitants peu exigeants…

A sa grande déception, les villageois ne s’intéressent guère à cette nouvelle recrue, une intruse qui ne semble pour eux que de passage. Mais lorsqu’un concours de quiche est lancé, Agatha Raisin y voit une opportunité pour s’intégrer coûte que coûte dans cette petite communauté villageoise, quitte à tricher en s’inventant des talents de cordon bleu inexistants… Agatha en est sûr, sa quiche achetée en douce chez un traiteur londonien, raflera tous les prix et la rendra populaire auprès des membres très sélects de la paroisse…

Malheureusement, son plan génial échoue lamentablement quand l’arbitre de la compétion trop gourmand succombe après une bouchée fatale de sa quiche … La voilà à son grand dam la principale suspecte d’un possible meurtre … Pire encore, Agatha devient en un rien de temps la risée de tout le village qui a découvert sa supercherie éhontée. 

Deux solutions s’imposent à elle : quitter sur le champ les Cotswolds et se faire oublier ou rétablir son honneur déjà bafoué tout comme sa dignité en enquêtant par elle- même afin de découvrir la vérité … Agatha Raisin n’imagine même pas les déboires qui l’attendent ; elle qui rêvait d’aventures, la voilà servie !

Et c’est ainsi qu’à mon tour, je me suis retrouvée contaminée par cette série truculente de Cosy Mystery. J’ai été longtemps réticente à me lancer dans la lecture du premier tome. Le matraquage médiatique et la quasi-omniprésence d’Agatha Raisin sur la blogosphère (également adaptée pour la télévision) me rebutait franchement. J’avais d’ailleurs visionné le premier épisode sans grande conviction de la série télévisée pour finalement abandonner en cours, peu enthousiasmée par le casting tout comme le jeu des acteurs un brin trop forcé…

Et puis, une amie m’a gentiment prêté ce premier volet pour les vacances, ma mère l’a également dévoré sous mes yeux ces dernières semaines, souriant et riant parfois même aux éclats au détour d’un passage particulièrement cocasse… Et voilà, cette fois-ci cela a finalement fait tilt ! Je me suis de prime abord lancée avec plus ou moins de mauvaise grâce dans la lecture du premier chapitre mais une fois commencé, je n’ai pu m’arrêter ! J’étais conquise … 

Pourquoi aime-t-on tant cette série? Je doute fort que ce soit pour les intrigues qui sont somme toutes peu renversantes ni haletantes. Non, ce dont les lecteurs et les lectrices raffolent avant tout c’est justement ce cadre charmant des Cotswolds très buccolique tout comme cette ambiance si cosy et so British qui ne donne qu’une envie : celle de s’emmitoufler sous un plaid confortable, une bonne tasse de thé fumante à la main, en dévorant un bon bouquin (j’ajouterai d’ailleurs en dégustant un délicieux cookie bien moelleux, pour être un estomac sur pattes, mais que voulez-vous…). La description des Cotswolds donne l’envie furieuse de s’évader sur les routes campagnardes anglaises. On se croirait presque dans un épisode de Barnaby sans son côté “pépérounet” soporifique et un peu ringard.

Agatha Raisin est un petit bout de femme pète-sec agaçante mais pourtant malgré tout “attachiante”. Elle est parfois insupportable à vouloir inlassablement fourrer son nez dans les affaires des autres. Son manque de classe et son caractère de parvenue choquent et dénotent dans ce village à cheval sur les traditions, et où les habitants mènent des vies rangées et sans grande ambition. 

L’auteure croque en outre avec brio les portraits de ces personnages en apparence très ordinaires et un brin ploucs sur les bords. A peine arrivée, Agatha Raisin réussit l’exploit d’obtenir la première place de garce notoire …  J’ai aimé ce personnage féminin bourré de défauts. Agatha Raisin n’a rien d’un ange, c’est une langue de vipère, une punaise qui se découvre une âme noble malgré son tempérament culotté d’opportuniste. Elle assume sans complexe son égoïsme tout comme son narcissisme. Bien entendu, si la romancière n’y va pas avec le dos de la cuillère en n’hésitant pas à égratigner son personnage principal qui en prend souvent pour son grade, au contact salutaire de la population, Agatha Raisin évoluera  pourtant peu à peu pour devenir progressivement plus sympathique aux yeux du lecteur. J’ai aimé lire les pensées d’Agatha, ses préoccupations bien triviales comme son envie désespérée de garder la ligne pour lutter en vain contre les douceurs que lui tendent gentiment ses voisines tout comme son envie furieuse de se démarquer des villageois qu’elle considère sans équivoque comme des péquenauds arriérés et illettrés. En somme, elle est tout bonnement infâme ! C’est un sacré phénomène !

Le premier tome s’achève avec l’arrivée d’un séduisant colonel à la retraite alors qu’Agatha s’apprête à plier ses bagages pour regagner la grisaille londonienne … Une intrigue amoureuse prend doucement forme et il n’en faut pas plus pour titiller ma curiosité et me lancer sans complexe dans ce petit plaisir coupable … Le tome 2 trône déjà fièrement sur ma table de chevet, à parier qu’il ne fera pas long feu … Il sera idéal pour débuter le Pumpkin Autumn Challenge et accueillir comme il se doit cette nouvelle saison.   

Une nouvelle lecture qui s’incrit dans le Challenge Cottagecore dans la catégorie The Cottagecore lifestyle, Retour aux sources et Les propriétés et jardins dissimulés.