Chambre 1408 de Stephen King

514cyle-jNL._SX327_BO1,204,203,200_Mike est un écrivain désabusé et chasseur de fantômes étonnement sceptique. Pour lui, les esprits appartiennent au domaine de la fiction. Il a d’ailleurs passé suffisamment de temps dans des endroits réputés hantés pour le confirmer… Jusqu’à ce qu’il enquête sur l’existence de la chambre 1408 du Dolphin Hotel où d’étranges phénomènes pour le moins inquiétants se seraient produits. L’endroit maudit aurait en effet provoqué la mort de nombreuses personnes au fil des années… Mike qui a dans l’idée de fournir à son éditeur un recueil de nouvelles de fantômes à la manière d’un “guide du routard” souhaite y ajouter un récit inédit et juteux, une anecdote croustillante sur cette chambre troublante dont le directeur persiste pourtant à lui refuser l’entrée … Lorsque ce dernier cède enfin, l’écrivain blasé décide d’y séjourner une nuit… à ses risques et périls …

Fervente admiratrice de Stephen King, cette nouvelle m’a d’emblée séduite tout comme cette édition à la couverture mauve très soignée et initialement destinée à un jeune lectorat. La collection Wiz chez Albin Michel nous propose de découvrir ou de redécouvrir les nouvelles qui ont le plus marqué la carrière excellente du maître de l’horreur dans un format très attrayant. Une initiative que je ne peux que saluer (je compte bien entendu me faire toute la collection, j’ai déjà jeté mon dévolu sur la nouvelle Le corps adaptée par Steven Spielberg dans le film Stand by me !) Ce court roman publié pour la première fois en 1999 et qui a été réédité en septembre dernier est une pépite qu’il me tardait de lire.

Bien que l’histoire ne soit pas, à proprement parler vraiment effrayante, elle a du moins le mérite de nous plonger dans un certain malaise, un malaise qui dure même bien après avoir refermé le livre. Comment ne pas penser à l’hôtel de Shining? Il y règne le même climat oppressant. On semble en effet dès les premières pages pénétrer dans un univers parallèle. D’ailleurs, cette nouvelle aurait fait un épisode parfait de La quatrième dimension. … Lorsque Mike franchit la porte tordue de la suite 1408, il n’imagine pas ce qui l’attend derrière … Pour lui, les histoires de revenants sont avant tout une source d’inspiration intarissable et un gagne-pain attractif pour pouvoir produire les histoires à dormir debout dont ses fans crédules et amateurs sont si friands. Il déchante très vite au contact de cette pièce maléfique, car comme le dit si bien le directeur Olin du Dolphin Hotel, s’il est bien question de hantise, cet endroit tristement célèbre ne semble pas habité par des esprits frappeurs mais par une entité bien plus diabolique et puissante … Le dialogue entre Olin et Mike où le directeur tente désespérément de convaincre l’auteur fanfaron d’abandonner ses recherches demeure pour moi un passage particulièrement glaçant (et réjouissant). A travers une conversation au départ apriori anodine,  Stephen King réussit brillamment à instaurer progressivement un climat de terreur qui s’intensifie au fil des pages:

 -Dans ce cas, je n’aurai rien à redouter dans la chambre 1408, n’est-ce pas?

-Et pourtant, si, répondit Olin. Vous aurez quelque chose à redouter. Parce qu’il n’y a pas de fantômes, dans la chambre 1408, et il n’y en a jamais eu. Il s’y trouve par contre quelque chose, une chose dont j’ai moi-même ressenti la présence, mais il ne s’agit pas d’une présence spirituelle. Dans une maison abandonnée ou dans le donjon d’un vieux château, votre incrédulité peut vous servir de protection. Dans la chambre 1408, elle ne fera que vous rendre encore plus vulnérable. Renoncez, monsieur Enslin. C’est pour cette raison que je vous ai attendu ce soir, pour vous demander, pour vous supplier de ne pas y aller. Parmi toutes les personnes qui doivent se tenir le plus possible à l’écart de cette chambre, l’homme qui a écrit ces ouvrages jubilatoires exploitant des histoires de fantômes vient sans aucun doute en tête de liste.” J’adore !

Voilà le génie de l’auteur, cette capacité extraordinaire à nous faire ressentir l’atmosphère pesante  et imprégnée d’une moiteur gluante de cette chambre 1408 qui nous colle à la peau d’un bout à l’autre de la lecture.  L’histoire contée n’en devient que plus claustrophobe. 

1408-poster2Si ce récit fantastique d’épouvante est excellent, je dois admettre avoir eu une petite préférence pour son adaptation cinématographique de 2002 qui reprend d’ailleurs certains passages légendaires de la novella, comme le dialogue alarmant du directeur Olin, incarné par un Samuel L.Jackson impeccable. Ce personnage trouble et ambigu m’a donné la chair de poule. Quant à John Cusack, un grand acteur des années 90 que j’affectionnais particulièrement adolescente, ce rôle de romancier alcoolique un tantinet méprisant et imbu de lui-même semblait parfaitement taillé pour lui.  Dommage que ce dernier ait lui aussi sombrer dans l’alcool tout comme son personnage mettant ainsi fin à une carrière pourtant brillante… Où est-il aujourd’hui?

R (7)

En lisant les critiques peu indulgentes sur ce film devenu pourtant culte, je me suis demandé pourquoi tant de mépris? Cette adaptation reste à mes yeux “diablement” réussie ! Point de gore ici mais des passages malgré tout bien inquiétants. J’ai sursauté à de nombreuses reprises, le film m’a en outre procuré quelques sueurs froides et les dernières scènes du dénouement m’ont marqué. Il semble que pour ce film tout comme cette novella les avis diffèrent grandement. Soit on aime, soit on déteste.

Pour ma part, cela reste un coup de cœur. Ce petit film d’épouvante efficace est un très bon divertissement, idéal pour une soirée frissonnante en famille. C’est devenu une tradition pour nous, chaque année pour Halloween nous le visionnons. Il y a aussi de belles trouvailles dans le scénario qui est plutôt surprenant et bien ficelé. Les effets spéciaux ont par ailleurs plutôt bien vieilli et les “jumps scares”, ces fameuses scènes de “sauts de peur” sont au rendez-vous. Il existe en outre deux fins alternatives, celle officielle où Mike Enslin réécoute l’enregistrement de son magnétophone est plus convaincante que la deuxième trop macabre à mon goût. Elle gâche un peu la qualité de l’adaptation en rendant l’histoire trop grotesque. Je vous laisse le soin d’en juger par vous-même …

En bref : un huis-clos claustrophobe inquiétant pour les amateurs de terreur à ne pas manquer ! Stephen King joue habilement avec nos nerfs dans cette histoire de hantise glaçante. Oserez-vous à votre tour franchir la porte de la suite 1408 ou passerez-vous votre chemin?

La bande-annonce de l’adaptation:

Voici donc une nouvelle contribution au Challenge Le mois Halloween et ma première participation au bingo du défi dans la catégorie Demeures et campagnes hantées.

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9 commentaires pour Chambre 1408 de Stephen King

  1. Hilde dit :

    Je l’ai lue et j’ai aussi visionné le film qui m’avait d’ailleurs un peu fait peur à l’époque ! La tension qui augmente, la panique de Mike devenant contagieuse, j’avais surtout apprécié l’ambiance.

  2. Alors je me note le film !! 🙂

  3. Oh la couverture est très sympa !
    J’avais bien apprécié le film a l’époque mais je n’ai pas vraiment le souvenir de cette nouvelle que j’avais lu dans Tout est fatal. Je crois que comme toi j’ai eu ma préférence pour l’adaptation 🙂

  4. Chicky Poo dit :

    Ah ouiiiii ! J’avais vu le film quand j’étais au Canada (ce qui remonte à 2007 ^^) mais je n’en ai pas gardé un souvenir extraordinaire… Il faut dire que King et moi, ce n’est pas une grande histoire d’amour ^^

  5. Tu donnes presque envie à la trouillarde que je suis de tenter cette lecture… Si jamais je veux me faire une petite frayeur ce mois-ci, je me note cette nouvelle en tête de liste !

  6. alexmotamots dit :

    Je préfère les adaptations cinés, l’horreur dure moins longtemps qu’à la lecture.

  7. Marjorie de Bazouges dit :

    Je suis une fan de Stephen King, mais je suis passée à côté de celui-ci.
    J’ai très envie de le lire et de regarder le film. J’aime beaucoup John Cusack.

  8. rachel dit :

    Ouah tout un chouette King alors….mais il m’effraie trop….;)

On papote?