De l’Inde où notre héroïne insolite a grandi jusqu’à l’Ecosse où elle a terminé sa vie, nous suivons donc le destin tumultueux de cette figure énigmatique. Pourquoi a-t-elle été enfermée contre son gré? Qu’a t’elle fait pour que sa famille taise son identité, jusqu’à même gommer son passé? Et pour quelle raison la grand-mère d’Iris, désormais atteinte d’Alzheimer, n’a jamais évoqué cette sœur perdue? En lisant cette lecture un peu particulière, je me suis longtemps interrogée sur la réelle qualité de ce roman. Est-il vraiment bon? Je ne saurai le dire… Certes, j’ai d’abord apprécié cette histoire pourtant un tantinet tirée par les cheveux qui m’a parfois rappelé le long-métrage dramatique de Clint Eastwood, l’Echange, dans lequel Angelina Jolie incarne à la perfection une mère de famille désespérée et privée de son fils, ce dernier ayant été kidnappé. Toutefois, l’évolution de la trame, complètement invraisemblable, m’a laissé dubitative … L’intrigue démarrait pourtant sur les chapeaux de roue, en suivant les voix de trois femmes qui, inlassablement, se chevauchaient tout au long du récit. J’ai d’ailleurs été d’emblée captivée par l’histoire d’Esme, cette femme victime de son temps. Rebelle, un brin fantasque, elle n’a rien d’une folle à lier. Esme est indomptable et n’entre dans aucun moule. Elle fait fi des conventions sociales étouffantes de son époque. Elevée dans les Indes coloniales dans la touffeur moite d’un pays où elle a vécue écartée de la société mondaine britannique, entourée de ses domestiques autochtones et dissimulant un lourd secret de son enfance, cette dame étrange ne réussit pas à s’intégrer à son arrivée en Ecosse. Cette nouvelle vie étriquée et collet monté ne lui correspond pas. Sa sœur aînée, la grand-mère d’Iris, en revanche plus docile, se plie volontiers à l’étiquette et espère de tout cœur attirer sur elle les regards admiratifs de jeunes prétendants. Pourtant, malgré sa beauté classique indéniable, les yeux semblent toujours se poser sur sa sœur cadette Esme, si originale et tellement différente en comparaison de toutes ses jeunes filles en fleurs un peu fades et trop sages. Le ton est donné dès les premières pages, le récit est sombre à souhait, parfois même glaçant. Trahie par sa société tout comme par les siens, la vie d’Esme lui sera arrachée par jalousie. Je savais déjà qu’au siècle dernier encore, les femmes pouvaient être internées sous le pouvoir d’une parole. Dans le roman brillant et tellement palpitant de Jim Fergus, 1000 femmes blanches, qui prenait pour toile de fond le Far West du XIXème siècle, j’avais découvert avec horreur et effroi, le destin tragique de son aïeule envoyée dans un asile pour avoir eu une relation illicite avec un homme de basse-extraction. Maggie O’Farrell reprend ce même filon et s’attèle également à cet exercice d’écriture avec plus ou moins de talent. Ce drame familial particulièrement éprouvant était ainsi initialement prometteur. Malheureusement, le style trop alambiqué et souvent haché de cette auteure irlandaise est devenu au fil des pages de plus en plus lassant et pesant. Cette facilité d’écriture donne étrangement l’impression de lire une imposture. Le contexte historique des années 30 me tentait par ailleurs grandement, dommage que cette époque ne soit qu’à peine entrevue dans ce livre. La fin demeure en outre à mon sens incompréhensible. L’altération de points de vue à la troisième personne du singulier puis avec le fameux “je” autobiographique m’ont très vite agacée tout comme les passages qui sautent constamment du coq à l’âne. Le découpage des chapitres est assez chaotique. Les personnages semblent aussi davantage des ébauches floues que des personnalités bien esquissées. A l’instar du personnage de la sœur aînée détestable, une “mine de rien” faussement innocente qui aurait pu être davantage fouillé. Quant à l’histoire d’amour torturée entre Iris et son demi-frère adoptif, elle reste peu intéressante, voire complètement inutile. Roman à tiroirs, squelettes dans le placard, les ingrédients sont pourtant bien présents pour nous faire passer un très bon moment de lecture. Alors pourquoi ce roman n’est-il pas un coup de cœur? Et bien parce qu’il m’a fait l’effet d’un gâteau soufflé! Il paraît à première vue dense mais lorsqu’on creuse un tant soit peu, on découvre finalement avec une certaine pointe de déception ce qui s’y cache. En effet, il n’en reste malheureusement pas grand-chose, l’intrigue est prometteuse mais la fin n’a rien de magistral. Elle est bien en dessous du reste du livre comme si l’auteure s’était elle-même lassée de son propre roman et avait elle aussi hâte de tourner la page. En bref : une lecture un brin décousue et en dents de scie avec de très bonnes idées mais qui tombent à mon regret complètement à plat. Certains mystères demeurent jusqu’au bout non élucidés, ce qui, avouons-le, est tout de même regrettable ! |
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Au contraire, le rythme m’a vraiment plu. J’ai aimé cette manière de hacher le récit, de distiller des indices ici et là 🙂
Ah! C’est ce qui m’a déplu vers la fin. Comme quoi les ressentis ! Je vais quand même retenter avec une nouvelle lecture. 😉😊
Si je tente quand même, j’espère me rappeler de venir t’en parler… 😉
Ah tu me diras ton ressenti. Je sais que beaucoup ont apprécié cette lecture.
Oh dommage ; celui-là, par contre, il m’aurait beaucoup tentée ! Bon, je le classe dans les « pourquoi pas ? si l’occasion se présente » 😉
Bonjour missycornish, si je le lisais maintenant, j’aurais une opinion différente mais en 2008, j’ai beaucoup aimé l’histoire. Je n’ai pas trouvé la fin bâclée. http://dasola.canalblog.com/archives/2008/05/17/9157378.html Bonne journée.
Je ne connais pas l’autrice, mais j’avoue que du coup je vais passer mon tour, il y a bien d’autres romans qui me tentent beaucoup plus !
Tu as raison, tu ne loupes pas grand chose. Ce n’est pas un indispensable. Je suis plongée dans Jane Eyre. C’est quand même pas la même chose.😊❤️
J’hésitais depuis quelques temps devant ce livre (c’est la couverture surtout qui m’a attiré…). Je vais peut-être finalement en rester là.
Ah! Comme je te comprends. La couverture est intriguante mais je ne sais pas je trouve que le roman fait brouillon.
Mon ressenti est complètement différent : j’avais beaucoup aimé.
Ah comme quoi ! Moi c’est mitigé. Jusqu’à la fin c’était bien, dommage je n’ai pas aimé le dénouement.
oh le sujet semblait passionnant…avec le mot Inde….et bin bon,,,je vais passer mon tour….surtout en lisant aussi la critique de Marjorie…nop
Oui Rachel ça me tentait. Je lis un roman pour les Étapes Indiennes. J’espère enfin pouvoir y participer.en postant au moins un billet. 🙄
Oh quel roman ?….;)
Je lis La perte en héritage. Le style est un peu étrange et c’est un sacré pavé mais je m’accroche. 😉😊👍
Je suis en train de lire La perte en héritage. C’est pas mal. C’est un peu dense et il faut que je m’habitue à l’univers.
Oh je ne connaissais pas….j’ai hate a lire ta critique…;)
Oui J’avance bien. Maintenant que l’année se termine à l’école je vais pouvoir reprendre les billets plus régulièrement.
ah dommage. Le pitch était intrigant. Mais les styles alambiqué, moi j’adhère pas du tout, du coup j’ai bien peur de ne pas y trouver mon compte
Moi non plus j’adhère pas. Non c’est sûr on termine la lecture un peu frustrée.
Jusque là je n’ai lu que Quand tu es parti, que j’ai adoré, et j’ai bien l’intention d’en lire d’autres 😉
Ah c’est bien. Tu as eu une bonne pioche. Je vais peut-être réessayer mais pas tout de suite. J’ai encore des lectures anglaises qui m’attendent. 😊😉
Décidément cette auteure est vraiment brouillonne dans son écriture. J’ai lu La maîtresse de mon amant. On y trouve les mêmes défauts. Une première partie alléchante, une deuxième partie nulle et une fin qui ne donne pas les clés de la première partie. Bref !Je ne perdrai plus mon temps à la lire.
Je pense que comme toi, je lirai autre chose. Ça m’a un peu gonflé cette fin bâclée. J’étais vraiment intéressée par le sujet de l’asile et la place de la femme dans les années 30 mais c’est à peine esquissé. Ça sent le roman écrit à la va vite. 🙄