L’été s’est bel et bien installé pour mon plus grand bonheur. Il fait ici une chaleur quasi-caniculaire! Je profite donc d’après-midis de farniente pour bouquiner (et cuire) sous ma tonnelle au soleil. J’ai d’ailleurs entrepris la lecture du premier tome d’une saga immersive fabuleuse. Vous raffolez des secrets de famille, des romans historiques et des histoires d’amour presque impossible? Ne cherchez plus, cette fresque romantique est faite pour vous! Il faut bien l’avouer, j’ai toujours eu un petit faible pour les sagas familiales romanesques et cette dernière lecture s’est révélée plutôt satisfaisante de ce point de vue.
Si l’intrigue n’était pourtant pas à première vue hautement haletante, l’ambiance et le contexte historique de l’histoire m’ont finalement convaincue de me plonger dare-dare dans ce premier volet qui se présente avant tout comme un roman d’atmosphère mettant en lumière une famille d’industriels au tournant du début du XXème siècle. Une époque donc annonciatrice d’un futur cataclysme, la première guerre mondiale qui apportera avec elle son lot de malheurs et de deuils ; et la fin d’une ère, celle des privilèges d’une classe sociale de bourgeois qui a bâti sa fortune grâce à la sueur du front de ses ouvriers, exploités parfois jusqu’à l’épuisement…
L’histoire débute en 1913 en Bavière. Le personnage principal, Marie, une jeune orpheline chétive et sans le sou, entre comme femme de cuisine dans la somptueuse demeure des Melzer, une famille détenant l’une des usines de textiles les plus prospère d’Augsbourg. Pendant que Marie tente difficilement de trouver sa nouvelle place au sein des domestiques, à l’étage, on s’affole pour trouver un parti alléchant aux deux filles du maître du logis. Katharina au grand dam de sa sœur aînée Elizabeth, d’une beauté saisissante, est convoitée par de nombreux jeunes hommes. Quant à lui, Paul est peu intéressé par ces frivolités. Après des années infructueuses d’études de droit, le voilà de retour chez lui sans véritable projets de vie. Son père, tyrannique, souhaite le voir un jour reprendre l’empire qu’il a construit de ses propres mains mais l’héritier ne semble pas pour le moment mériter une quelconque promotion au sein de l’entreprise familiale… Qu’importe son nom, il devra se retrousser les manches et convaincre son père s’il souhaite obtenir une place de choix dans l’usine. Lorsque Paul croise le regard de Marie, cette rousse au charme ensorcelant, il fait fi des conventions et tente de la séduire coûte que coûte au risque de se mettre à dos tout le clan Melzer. Marie ne voit pas cette relation d’un bon œil bien qu’elle ne soit pas tout à fait insensible au charme de Paul, mais elle découvrira très vite que cette rencontre est peut-être le fruit du destin qui lui permettra qui sait de démêler enfin l’écheveau de ses origines mystérieuses.
J’ai grandement apprécié cette lecture de détente idéale pour les vacances. Ce roman historique nous transporte dans une Allemagne bercée de romantisme bien qu’elle soit également en plein essor industriel… L’auteur décrit d’ailleurs avec brio une vision poétique romancée de la vie de bohèmes qui se heurte inlassablement à la dure réalité, la laideur triviale de la mécanique de machines de textiles. Katharina (Kitty), l’une des filles Melzer qui nouera une relation amicale avec Marie au fil des pages, aspire à vivre ce mode de vie, celui d’une artiste en quête perpétuelle de beauté et de liberté.
Si j’ai aimé le caractère raisonnable, pragmatique et posé de Marie, notre héroïne, je dois avouer avoir trouvé Kitty parfois agaçante. Bien qu’elle soit à la fois fantasque, romantique et passionnée, elle multiplie aussi les extravagances au grand désespoir de ses parents qui lui cèdent tout du fait de son statut de cadette. Kitty est un brin trop évaporée à mon goût et parfois égoïste. Elle prend de plus souvent des décisions hâtives sans se soucier des conséquences pour son entourage. J’espère que Kitty mûrira davantage. Quant à sa soeur aînée, Elizabeth, c’est une jeune femme perfide d’une jalousie maladive. Elle rappelle énormément la personnalité d’Edith, la sœur au physique commun de Downton Abbey. Elizabeth n’est pas vraiment attachante, sa mesquinerie l’enlaidit. Elle manque également d’empathie pour les autres et ne se préoccupe que de sa petite personne. C’est une garce notoire envieuse et fourbe, prête à toutes les bassesses pour obtenir ce qu’on lui refuse. Si j’ai éprouvé au départ une certaine pitié pour cette sœur quelque peu délaissée, j’ai fini par la détester. Je trouve que l’auteur réussit moyennement à équilibrer les traits de personnalité des deux sœurs. L’une a tout, l’autre n’a vraiment rien pour elle.
Ce premier tome se laisse donc dévorer et est très bien écrit. On y entrevoit en outre une ambiance qui n’est bien évidemment pas sans rappeler l’atmosphère guindée et survoltée de Downton Abbey avec les mêmes ingrédients qui ont fait le succès de cette excellente série télévisée : des bals luxueux et des toilettes excessives au coût exorbitant tout comme des intrigues d’alcôves entre maîtres et serviteurs à profusion. La villa, théâtre de l’intrigue principale, abrite par ailleurs ce fameux secret lié aux origines mystérieuses de Marie, héroïne du roman.
En dépit de quelques scènes mièvres en particulier dans le traitement de l’idylle entre Marie, l’héroïne et l’héritier rebelle Paul, mon intérêt pour l’histoire ne s’est pas un seul instant émoussé. Certes, un auteur anglo-saxon aurait sûrement apporté une dimension sociale plus convaincante et aurait sans doute préféré une histoire d’amour impossible pour évoquer la cruelle réalité de la lutte des classes. Anne Jacobs a choisi quant à elle la facilité pour nous produire une romance convenue. Elle pulvérise au passage d’un trait de plume le fossé social des personnages par le pouvoir seul de l’amour… Mouais. Malgré ce léger bémol, on s’attache aisément aux personnages du roman.
A l’évidence, Anne Jacobs ne possède pas le talent d’écriture et la finesse psychologique d’une Edith Wharton ou d’un Julian Fellowes mais elle arrive malgré tout à nous transporter. Et quand bien même la trame est somme toute prévisible, l’histoire demeure néanmoins passionnante malgré cette petite faiblesse d’écriture. Après tout, ce n’est pas tant la destinée finale qui compte que le plaisir de la traversée.
Je suis curieuse de voir comment l’auteur va à présent faire évoluer ses personnages, le second tome annonçant la première guerre mondiale qui se profile dangereusement à l’horizon. La famille des Melzer devra faire face à ce nouveau coup dur…
En bref, ce premier tome, très prometteur et captivant, a rempli presque toutes mes attentes à l’exception peut-être de la romance qui manque cruellement d’originalité. Je ne crois pas avoir été aussi enthousiaste à la lecture d’une saga que depuis la découverte merveilleuse du premier volet de la série de romans québécois Le goût du bonheur qui m’avait franchement séduite. Ma critique ici. Voici donc un petit pavé de l’été de six cent pages, délicieusement savoureux.
Malgré les quelques scènes mièvres, tu as trouvé ton bonheur dans cette lecture.
Oui c’est pas mal du tout. ça se lit très bien. C’est une bonne saga de détente et c’est bien écrit.
Je l’ai réservé à la médiathèque, j’ai hâte 🙂 Très bonne semaine à toi !
Cette saga remporte un immense succès à ma médiathèque, les lectrices se l’arrachent ^^ Du coup tu me donnes envie de découvrir 🙂
Dis, j’ai fait une lecture récente qui se déroule en Irlande, dans la campagne avec beaucoup de descriptions des paysages, mais je n’arrive pas à savoir si ça entre dans ton challenge ? Le roman c’est « La colline aux disparus » de Tana French.
Bon week-end !
Coucou Chicky Poo. Lis-Le si tu as l’occasion. C’est pas mal du tout. C’est une lecture passionnante. J’ai vraiment bien aimé. Pour le roman irlandais pas de problème.😊🙃
Je te conseille « Les gens de Mogador ».
Bonnes vacances !
Coucou Cora! Je viens d’acheter le tome 1. Il y a une nouvelle édition chez Archipoche qui vient de paraître. Hâte de le lire
Génial !
Belle lecture !
Et bin toute une autre saga qui semble bien passionnante….oui a lire pendant l’ete
Oui Rachel c’est vraiment parfait pour les vacances 😉😊
Coucou! Est-ce que tu sais combien de tome s’ajouteront à cette série? J’ai lu de cette écrivaine, SWAN HILL – Les pionniers tome 1. Une histoire qui se passe en Australie. Je n’ai pas encore lu le tome 2. Je le prendrai à la bibliothèque.
Si tu aimes les séries, je te suggère les Jalna qui sont maintenant réunis en 4 volumes chez Omnibus je crois. Une grande saga qui se passe au Canada sur les bords du lac Ontario. Jalna est le nom de la grande maison qu’Adeline et Philippe Whiteoak feront construire à leur retour des Indes. 🙂 Je te joins un billet que j’avais fait: http://lamaisondemilly.canalblog.com/archives/2011/12/20/23014080.html Aussi, chacun peut-être lu séparément, pas besoin de lire les 16 volumes en ligne. Merci pour ce billet si bien rédigé et très complet!
Coucou Milly! J’aimerais beaucoup lire la saga Jalna. Pour ce qui est de Anne Jacobs, je ne sais pas si c’est la même auteure que Anna Jacobs. 🤔 Je crois que ce sont deux femmes différentes. Cependant, j’aimerais aussi découvrir le tome 1 Les pionniers. Ça a l’air chouette. Je vais jeter un œil à ton billet. A bientôt !