Le retour de Robert Goddard

Cornouailles dans les années 80. De retour sur le domaine familial à Tredower House, Chris Napier, après de nombreuses années d’absence, vient assister au mariage d’une de ses nièces. La cérémonie est marquée par un événement sombre : Nicky Lanyon, son ancien ami d’enfance, fait soudainement irruption durant les célébrations et annonce que son père qui avait été exécuté pour avoir commandité le meurtre du grand-oncle Joshua en 1947, était en fait innocent. Après cette révélation inattendue, Nicky est retrouvé mort, pendu dans le jardin des Napier. Chris, écrasé par le remord et la culpabilité, décide d’enquêter lui-même pour élucider le mystère de la mort de son vieil ami.  Il l’avait lâchement abandonné après que son père ait été déclaré coupable. Mais certains mensonges familiaux devraient-ils être déterrés ? N’est-il pas dangereux de ramener les fantômes du passé, et en particulier lorsque ceux-ci peuvent changer le cours de votre vie ?

Décidément la saison semble propice aux lectures au coin du feu…  Je profite de ce temps toujours peu clément pour découvrir de nouveaux auteurs… Le retour trône depuis bien trop longtemps sur mes étagères, il était grand temps que je dépoussière enfin cette œuvre…

Verdict ? Robbert Goddard manie avec une certaine habileté la plume pour planter son intrigue. Et quelle intrigue ! Le lecteur en a pour son argent ! J’ai tout de suite été séduite par l’ambiance à la Cold Case de ce roman qui s’intéresse à une histoire non élucidée, le meurtre mystérieux d’un grand-oncle fortuné, un ancien chercheur d’or retrouvé poignardé. Cette petite saga familiale est palpitante.

En effet, elle n’est pas avare de rebondissements. Cependant, on a parfois du mal à se retrouver dans ce dédale de péripéties. L’intrigue est un brin tarabiscotée car le récit alterne continuellement entre le passé du narrateur enfant et son présent, une trentaine d’années plus tard.

J’ai ainsi trouvé certains chapitres inégaux et fastidieux, d’autres en revanche m’ont tout bonnement passionnée au point de me tenir éveillée pendant plusieurs nuits d’affilée. Il semblait y avoir un problème de rythme ce qui m’a souvent désarçonnée pendant la lecture. Et pourtant, malgré quelques petits bémols, ce roman fut plutôt agréable dans l’ensemble. Je me suis tout de même prise au jeu. Par certains aspects, il rappelle la subtilité psychologique des œuvres de Thomas Cook.

Néanmoins celui-ci excelle davantage pour exprimer les sentiments profonds de ses personnages. Robert Goddard est parfois maladroit et peu convaincant quand il s’agit de mettre en scène des scènes émouvantes. Le style a un côté « pépérounet » un tantinet poussiéreux et distant. J’ai eu l’impression étrange de visionner un vieil épisode de l’Inspecteur Barnaby. Ce qui paradoxalement ne m’a pas totalement déplu mais ne m’a malheureusement pas permis de m’attacher aux personnages souvent trop lisses à mon goût.

J’ai eu davantage de peine et d’empathie pour les « fantômes du passé », le souvenir de Nick, ce pauvre homme hanté par la mort injustifiée de son père Michael Lanyon, exécuté pour un meurtre qu’il pense ne pas avoir commis. Nick tentera vainement de rétablir l’honneur terni de son père. Cet aspect du roman reste selon moi la partie la plus intéressante du livre. Derrière cette histoire de meurtre et de trahison se cache une véritable critique de la société anglaise. L’auteur dénonce ainsi le fossé insondable qui divise la petite bourgeoisie de la petite classe sociale des prolétaires. Le personnage de Michael est puni pour être le pur produit de cette classe. En somme, on ne lui pardonne pas de réussir et d’avoir presque gravi les échelons de la société. Une leçon amère qu’il aura tôt fait d’apprendre. Il n’appartiendra jamais au domaine de Tredower House. En somme, on le considère comme un intrus. A la mort du grand-oncle, Michael est chassé comme un pestiféré, sa famille quant à elle est expulsée.

Tredower House Cornwall

En bref : Sans être une lecture inoubliable, ce petit roman noir un peu inégal où suinte à chaque coin de page la cupidité et la duplicité crasses d’êtres sans scrupules, s’est finalement révélé être plutôt agréable. Malgré certains points noirs, j’ai pleinement profité de cette petite croisière sans expectative particulière. Certes, ce n’est pas un chef-d’œuvre de la littérature britannique, mais toutefois un bon page-turner, parfait pour contrer la morosité des journées pluvieuses. N’est-ce pas finalement une qualité suffisante pour en faire un bon roman ?

Cette lecture s’inscrit dans le Pumkin Autumn Challenge (catégorie :  Je suis Médée, vieux crocodile/ Policier) puisqu’il est ici question de complot et donc de trahison au sein d’une petite famille de bourgeois anglais.

Elle s’inscrit également dans le défi Thrillers et Polars de Sharon dans la catégorie Montalbano (cinq à quinze livres).

J’ai finalement décidé de rejoindre la team de Lou et Hilde pour le Challenge British Mysteries dans la catégorie Esprit es-tu là? Le programme est particulièrement tentant. Il se déroule toute l’année! Je débute doucement.

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6 commentaires pour Le retour de Robert Goddard

  1. Merci pour ta participation.
    Je ne suis pas très tentée à nouveau (beaucoup, beaucoup de romans policiers m’attendent dans ma PAL).

  2. missycornish dit :

    Lol c’est pas mal mais sans plus. Je pense qu’il te plaira quand même mais ce n’est pas mon préféré.Je vais encore attendre un peu avant de me lancer dans un nouveau Goddard.

  3. myloubook dit :

    Cela fait un moment qu’il me tente bien ! C’est aussi très British mysteries, si jamais tu as envie de nous rejoindre à moment donné 🙂

    • missycornish dit :

      Oh c’est un autre challenge? Je ne connais pas! C’est toute l’année? Il est bien franchement ce n’est pas un chef-d’oeuvre mais ça se lit avec plaisir. J’en ai d’autres dans ma PAL que je vais sûrement déterrer cette année.

  4. Marjorie de Bazouges dit :

    Bon ben je ne le mettrai pas tout en haut de ma Pal . Même si je suis une fan de Barnaby 😉😉

On papote?