Bilan de début septembre: Lisons Proust!

Du côté de chez SwanPour cette rentrée qui s’annonce déjà studieuse, je me suis lancé un défi personnel de taille, lire dans son intégralité tout au long de l’année l’œuvre A la recherche du temps perdu de Marcel Proust. Je dois vous confesser que je brûle d’envie de lire ce monument littéraire français depuis plusieurs années mais que faute de temps à lui consacrer, d’une volonté de fer et d’une patience inébranlable (de belles excuses me direz-vous!), j’ai souvent délaissé ce pavé. L’épaisseur de cette brique me terrifiais tout comme ces phrases précieuses et interminables. En effet, ces dernières ont longtemps entravé mon plaisir de lire, étant accoutumée à la lecture d’oeuvres plus fluides.

Il faut bien l’admettre, la première partie du volume Du côté de chez Swann intitulée « Combray » (une référence à une ville fictive située au cœur de la campagne normande au début du 20ème siècle) n’a pas facilité cette tâche. Les descriptions de paysages et de vieilles bâtisses foisonnent. Malgré le rythme lent et narcotique de cette œuvre parfois déconcertante, je n’ai cependant pas renoncé à poursuivre l’exploration, gardant toujours en tête le ressenti de mon Père. Cette lecture lui avait laissé un souvenir impérissable et il m’avait dit un jour, rêveur, que Marcel Proust lui faisait l’impression d’une gigantesque bibliothèque, à l’instar de celle d’Alexandrie, qui aurait brûlé, réduisant en cendres les témoignages précieux de notre civilisation perdue. La Recherche était donc les derniers vestiges, les mémoires ultimes d’une société surannée et d’un siècle d’avant-guerre à jamais disparu… Je m’étais dès lors promis de lui accorder à l’avenir un coup d’œil moins distrait pour pouvoir découvrir par moi-même le fin mot de l’histoire.

Mes efforts ont été récompensés, je suis enfin parvenue à clore cette première partie ardue qui jadis,  me faisait si peur ! Et quelle surprise ! J’ai été séduite par l’écriture vertigineuse bien qu’ampoulée de ce romancier illustre ! Peut-être la lecture récente de Lawrence Durell a-t-elle facilité la tâche… Je m’apprête donc à débuter la seconde partie du premier tome, Un amour de chez Swann, qui est souvent séparée de l’œuvre puisqu’elle représente à elle seule une anecdote relatée également dans le roman par le narrateur dont on ignore jusqu’à la dernière page l’identité (Notons que si Marcel Proust s’est certainement inspiré de sa propre expérience passée, il ne s’est pourtant pas dissimulé derrière le narrateur, le récit n’est donc pas à proprement parlé autobiographique).

Proust y dépeint une société introvertie de rentiers, de parvenus et de nouveaux riches qui grâce à un vernis de culture désuette tentent de briller à l’image de la vieille noblesse française qu’ils jalousent et envient. Le romancier fait ainsi la peinture d’un certain snobisme (« sine nobilatate », une mention apposée aux listes d’étudiants d’Oxford et qui désignerait toute personne sans origine noble).

J’encourage ceux qui ont tenté comme moi l’expérience à tenir bon ! Certes, ce roman s’adresse à des lecteurs aguerris mais La Recherche n’est pas inaccessible ! Je lui consacrerai un billet plus fouillé prochainement.

A propos, avez-vous lu l’œuvre complète (ou un volume) de Marcel Proust ? Et en avez-vous gardé un souvenir mémorable ? Aussi, à quel âge l’avez-vous découvert ?

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10 commentaires pour Bilan de début septembre: Lisons Proust!

  1. cleanthe dit :

    Un an, c’est bien. Il m’a fallu aussi toute une année pour lire la Recherche. Je t’envie. Tu as devant toi de délicieux moments de lecture. Et puis, les phrases de Proust sont comme des volutes, des nuages de vapeur parfumées, quelque chose de très intelligent et de très sensible qui enveloppe le lecteur, comme une couette ou une musique douce. J’espère que tu aimeras.

  2. denis dit :

    j’ai commencé aussi le 1er juillet, 30 pages par jour (pléiade) et j’en suis au tome 2 « A l’ombre… », je n’ai pas encore fait mon billet
    Il faut de la patience et de la concentration avec tant de digressions, de métaphores… C’est très riche en effet

    • missycornish dit :

      C’est toi qui t’es aussi lancé un défi personnel, non?
      J’ai hâte de lire ton avis. Je te rattraperai! C’est vrai que cela doit se lire lentement sinon cela n’a aucun intérêt je pense. Ce n’est pas une lecture « jetable ». On ne peut pas le lire comme un polar ou un roman de plage même si François Busnel, présentateur à la Grande Libraire a voulu le faire croire.

  3. Emma dit :

    Bienvenue chez les Proustophiles. Histoire de t’encourager, je te dirai qu’il faut aller jusqu’au bout car le dernier volume est extraordinaire.
    PS: il y a une page dédiée à la lecture de Proust sur mon blog avec des liens vers les chroniques de blogueurs, volume par volume… si le coeur t’en dit…

  4. Ondine dit :

    Je n’ai pas encore lu cet auteur…car il me fait peur, lol !

    Bonne rentrée au fait !

  5. Armelle dit :

    J’ai commencé à lire Proust vers 30 ans, encouragée par mon père qui considérait cette oeuvre comme absolument incontournable. Bien sûr, on parle d’une société surannée mais l’est-elle vraiment ? Je ne crois pas. L’habit ne fait pas le moine et c’est vrai. Si les toilettes ont changé, la nature humaine est la même et il y a toujours de par le monde des Swann, des Odette, des Charlus, des Verdurin… et finalement l’oeuvre est une formidable plongée dans l’inconscient collectif et dans le mental de chacun de nous, si bien qu’elle est indémodable et séduit tout autant les Japonais, les Canadiens que les Européens. Quant au style, il est d’une merveilleuse poésie, d’une extrême sensibilité et le lire à voix haute est un enchantement.

    J’ai commencé le livre de ta grand-mère hier soir. Me voilà en plein coeur de la belle île de Madagascar pour quelques soirées. Je t’en reparlerai.

    • missycornish dit :

      Je serais curieuse de connaître votre avis. Je n’ai jamais pu le terminer trop d’émotions pour moi mais peut-être arriverais-je à le lire cette année avec un regard neuf, et plus objectif. Je trouvais la deuxième partie un peu plus faible que la première, celle en France était bien sombre.

      Je lis aussi certains passages à haut de voix, je trouve que cela facilite la lecture. J’aime beaucoup l’ambiance. Par certains aspects, La Recherche me rappelle l’atmosphère des Dames de la côte. Je me demande si Nina Companeez ne s’en ait pas inspiré pour son téléfilm. C’est la même époque je crois. Cela me donne envie de le visionner à nouveau. Chaque année, c’est le même rituel, c’est toujours en automne que l’envie me prend de le voir.

      Je trouve cette société « surannée » parce qu’elle tend à disparaître même aujourd’hui, ce que je trouve regrettable. Quant au sentiment collectif, oui je comprends que cette oeuvre soit si célèbre. Ce roman est presque philosophique dans les sujets qu’il aborde et en particulier dans la description qu’il fait de la mémoire instinctive. Je pense que cela doit être le premier à la décrire de manière aussi vive grâce à la madeleine de Proust mais aussi lorsqu’il pense à sa grand-mère qui avait l’habitude le lui lacer les souliers et qui n’est plus. Ces passages sont magnifiques et si émouvants. Impossible qu’ils ne soient pas véridiques! Avant de me plonger dans l’oeuvre sérieusement, j’avais écouté des extraits d’une vieille cassette audio. Un vrai bonheur!

      Je pense que le Quatuor d’Alexandrie vous plairez vraiment, l’écriture est également très poétique. Je pense alterner avec Proust pour achever les deux derniers volumes.

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