Attention gros coup de cœur !
Il y a de ces romans qui nous envoûtent dès les premières pages sans que l’on sache véritablement pourquoi… L’indésirable en fait incontestablement parti. Ce roman est exceptionnel à bien des égards…
J’ai débuté cette lecture il y a déjà plusieurs mois mais j’ai volontairement tardé à la terminer, non par ennui profond, mais parce qu’étrangement, je n’avais aucunement envie d’en tourner la dernière page… A l’instar du narrateur, un médecin de campagne sous l’emprise de l’aura sombre de Hundreds, cette mystérieuse demeure délabrée, j’étais moi -même subjuguée par cette histoire macabre de hantise…
Résumé:
Depuis la Seconde Guerre mondiale, Hundred Hall a perdu de son éclat, elle n’est plus que le dernier rempart du délitement inexorable de ses habitants, la famille Ayres. Enfant, Farraday a eu l’honneur de visiter la propriété durant une réception grandiose, lorsqu’elle brillait encore de toute sa splendeur. Il s’est accroché sans relâche à ce souvenir mémorable, la première découverte de ce monde qu’il sait inaccessible à sa condition. Son désir le plus fou a toujours été de côtoyer cette aristocratie qui le méprise pourtant sous cape. Aussi, lorsqu’il revient adulte et désormais médecin dans son village natal, Farraday se porte volontaire pour assister les Ayres qui s’efforce de dissimuler la ruine qui les accable. Le médecin se rêve déjà châtelain, espérant pouvoir un jour qui sait épouser l’étrange Miss Ayres ; malheureusement, une série noire d’événements inquiétants survenus au sein de la demeure vont perturber ses projets, ébranlant par la même occasion ses convictions cartésiennes…
Verdict?
Sarah Waters est sans conteste la digne héritière d’Henry James. Si l’élève n’a peut-être pas surpassé le maître, du moins elle l’égale, c’est certain. Comment ne pas penser dès les premiers chapitres au chef-d’œuvre du genre, le Tour d’écrou ? Tout comme Henry James, Sarah Waters aime jouer avec les nerfs de son lecteur qui se perd dans un dédale d’hypothèses… Les protagonistes sont-ils victimes de paranoïa aiguë ou bien, véritablement en proie à une force délétère, tapie derrière les murs pourris de ce manoir vétuste ? L’intrigue brillante à souhait offre ainsi de multiples interprétations. Le docteur est-il lui-même totalement innocent ? Son esprit ambitieux en mal de reconnaissance aurait-il laissé une empreinte néfaste sur les habitants du manoir ? Je dois dire que j’ai relu à plusieurs reprises certains passages pour être sûre de n’avoir rien manqué.
Tout comme Manderley dans Rebecca de Daphne du Maurier, Hundreds, cette bâtisse en décrépitude, est elle aussi un personnage à part entière de l’histoire. Elle est la source de tous les maux. J’ai retrouvé, pour mon plus grand plaisir, dans ce roman gothique une atmosphère analogue à Downtown Abbey et aux Brumes de Riverton de Kate Morton. On y retrouve ainsi une famille d’aristocrates désargentés qui s’entête à vouloir préserver coûte que coûte leur statut. Cette lignée stérile qui est vouée irrévocablement à péricliter refuse le changement qu’à opéré la fin de la Seconde Guerre mondiale. Aveuglés par leur fierté, les habitants semblent eux-mêmes déjà appartenir au passé. Ils errent comme des fantômes sans but dans leur propriété fanée.
Les protagonistes sont d’ailleurs d’une complexité rare. Cette caractéristique du livre m’a d’emblée séduite. Les personnages sont donc extrêmement bien fouillés et en particulier le narrateur, Farraday, un petit médecin sans renommée qui aspire à gravir les échelons de la société. Ce dernier rêve depuis sa tendre enfance de cette maison mystérieuse qui fut jadis le théâtre de festivités luxueuses. Il voue par ailleurs une fascination malsaine, presque fanatique aux murs faisandés d’Hundreds Hall. Il m’a fait penser au personnage de Soames dans La Dynastie des Forsythe. Il y a en effet un je ne sais quoi d’obscur et de passionné dans sa personnalité. Un aspect déroutant qui fascine le lecteur autant qu’il l’intrigue.
En bref: Sans effets de manches ni granguignolesque, Sarah Waters réussit le pari ambitieux de nous faire franchement trembler… Cette lecture m’a mise parfois mal à l’aise car comme dans Le Horla de Maupassant, l’autrice plante, à son tour son décor dans un univers bien ancré dans le réel. Si le roman traite bel et bien de revenants, la romancière dépeint également avec maestria la déchéance d’une aristocratie souffreteuse en plein déni. En somme, cette œuvre relève davantage du genre fantastique que de l’horreur, bien que cette dernière s’immisce gentiment elle aussi au fil des pages…
Voici donc une histoire de fantômes à l’ancienne, bien qu’efficace, dans une demeure nimbée de mystères. Un incontournable du genre à découvrir sans plus tarder ! Terrifiant et exceptionnel !
Un dernier mot sur l’adaptation cinématographique : fidèle au livre, cette adaptation un brin intimiste pourtant passée inaperçue durant sa sortie en salle est selon moi plutôt réussie. La performance des acteurs tout en nuance est remarquable. L’esthétique du film est également sublime. Il est cependant regrettable que le réalisateur n’ait pas réussi à lui insuffler suffisamment de fougue. Le film manque parfois de rythme et le spectateur peine à comprendre l’intrigue trop tarabiscotée.
La bande-annonce du film:
Petite contribution au Mois Halloween de Lou et Hilde et au Pumkin Autumn Challenge dans la catégorie Les chimères de la Sylve rouge (gothique/vampires/ Créatures de la nuit).
J’ai vu le film qui malgré son manque de rythme, m’a laissée avec une belle impression de mystère, une belle atmosphère ambivalente toute en nuances. Je n’ai essayé de lire de Sarah Waters que « Caresser le velours » qui, je l’avoue, m’est tombé des mains, je n’ai pas accroché. Mais avec son atmosphère de manoir énigmatique et aristocratique où le passé essaye de survivre au présent, je me dis que le roman a plus de chances de me séduire, d’autant qu’il a l’air d’une richesse et d’une nuances incroyables ! L’autrice a l’air d’être maîtresse dans les ambiances délicieusement fantastiques qui oscillent entre réel et irréel.
Je n’ai pas lu caresser le velours, le sujet ne m’intéressait pas vraiment alors je doute le lire après avoir lu ton avis. Je suis tomber par hasard sur L’Indésirable et j’ai vraiment aimé l’ambiance énigmatique et un peu fantastique du roman. Je trouve que l’autrice écrit très bien. Je te le conseille chaudement si tu as aimé le film.
Et bin je pense que je vais regarder le film…j’adore ces 2 actrices….punaise…tu donnes envie lala
Ahaha! Lance-toi alors! C’est parfait pour Halloween!
Waou! Je veux absolument lire ce livre et voir ce film. Je crois que Halloween va se prolonger pour moi !
Oui il est super! J’aime vraiment beaucoup ce roman et j’ai bien aimé le film même si il est nettement inférieur au livre.