Les lumières de septembre

LesLumieresDeSeptembreSuivant les avis enthousiastes de ma mère, j’ai lu dernièrement une œuvre de jeunesse de Carlos Ruiz Zafón pour varier un peu mes lectures de vacances. Une façon pour moi de faire une petite trêve dans ma liste de billets déjà programmés pour ces prochains mois. D’abord réticente à l’idée de lire un roman plus « léger », je me suis finalement prêtée au jeu. A ma grande surprise cette parenthèse littéraire s’est avérée particulièrement gratifiante puisqu’elle m’aura permis de découvrir un auteur contemporain original. Pour ma défense, il faut dire que j’étais partie avec un sérieux a priori. En effet, le martèlement médiatique m’avait initialement dissuadée de lire cet auteur. Ses livres envahissaient trop à mon goût les étalages des librairies. Dans mon esprit, je l’associais à la même catégorie littéraire que Guillaume Musso ou Marc Levy qui produisent principalement selon moi des romans « jetables », une littérature de hall de gare agréable sans du moins être mémorable et dont j’évite de parler sur mon blog, préférant privilégier des œuvres plus insolites et au style plus fouillé. En somme, des livres qui sollicitent plus l’intellect du lecteur.

De ce fait, étant de plus en plus exigeante quant au choix de mes livres (peut-être suis-je devenue un peu blasée?), la plume poétique de ce romancier hispanique m’a tout de suite conquise, tout comme ses nombreux hommages rendus au fil des pages aux grands classiques littéraires. L’histoire elle-même puise principalement son inspiration dans les célèbres contes d’Hoffmann, une œuvre que j’avais particulièrement appréciée durant mes études de lettres.

Le point de départ de ce roman fantastique est l’année 1937.

Jeune veuve, Simone Sauvelle quitte Paris avec ses deux enfants, Irène et Dorian, pour la campagne normande après avoir accepté un poste de femme de charge que lui a proposé Lazarre Yann, un olibrius qui vit isolé dans un grand manoir depuis que son épouse s’est retrouvée atteinte d’une mystérieuse maladie. Ce maître, un fabriquant et marchand de jouets génial surnommé aussi Lazarus lui offre en échange de ses services de résider dans une petite bâtisse coquette, la Maison du Cap, située en face de sa propre demeure. La famille désargentée prend vite ses aises dans ses nouveaux appartements. Tandis que Dorian se prend de passion pour les créations de l’inventeur,  qu’Irène, s’amourache d’un séduisant pêcheur, Simone quant à elle succombe rapidement au charme de son employeur tout comme de Cravenmoore, son étrange demeure occupée par de curieux pantins animés. Les deux personnages se découvrent aussi une passion commune : les livres.

Mais cette atmosphère idyllique ne sera que de courte durée. Une ombre diabolique s’abat sur les nouveaux arrivants. Cette présence maléfique se fait de plus en plus prégnante à mesure que Simone s’attache à son maître. Pourquoi donc tant de haine envers elle et les siens ? Quelle mystérieuse force ont-ils donc réveillée ? Et à quelles expériences bizarres se prêtent Lazarus dans son atelier secret ? Toutes ces réponses se trouvent dans ce roman palpitant !

J’ai été d’emblée séduite par l’ambiance fantasmagorique de cette histoire. Le lecteur bascule dans un conte étrange et inquiétant où les jouets, de véritables marionnettes maléfiques, s’animent au gré de leurs envies pour terroriser leur propriétaire, et où un esprit particulièrement belliqueux hante les recoins de Cravenmoore, cette demeure ancienne aux innombrables chambres, toujours plongée dans une obscurité inquiétante. Je me suis attachée également aux protagonistes et tout particulièrement à Lazarus, un personnage romantique tourmenté qui s’est inventé un monde d’automates pour combler sa solitude.

     Le roman gothique est une fois de plus ici à l’honneur. Cette lecture sans prétention, initialement destinée à un jeune lectorat, est une petite perle littéraire. L’écriture est soignée. On est en effet loin de la littérature « prémâchée » que nous proposent malheureusement souvent les maisons d’édition, à l’instar de Twilight ou d’Hunger Games, des romans pour teenagers paresseux, au style médiocre. L’auteur, fervent admirateur des œuvres d’Alexandre Dumas, confie lui-même dans la préface qu’il a tenté d’écrire les romans qu’il aurait bien aimé lire adolescent. Une belle initiative ! Même si les héros sont bel et bien des enfants, on oublie aisément le but initial de l’auteur, le langage étant tout de même  assez soutenu.

    Malgré quelques répétitions de ci de là, Les lumières de septembre n’est nullement redondant. Je n’en ai fait qu’une bouchée et me suis régalée ! L’ambiance nimbée de mystères m’a rappelé étrangement Les brumes de Riverton de Kate Morton, une lecture en version originale pour laquelle j’avais eu un véritable coup de cœur. Je regrette amèrement aujourd’hui de ne l’avoir jamais chroniqué sur le blog. Il faudrait que je le relise un jour. J’ai d’ailleurs plusieurs œuvres de cette romancière britannique sous le coude, j’en lirai sûrement une prochainement. L’atmosphère du roman n’est pas non plus sans rappeler Rebecca de Daphne du Maurier ou même de La dame noire de Susan Hill, une histoire de fantôme que j’avais adoré lire pour Halloween (ma chronique ici).

     La bibliomaniaque que je suis voudrait désormais réunir sa propre collection des romans de Carlos Ruiz Zafón au format poche. J’ai découvert que ce volume constituait en fait le troisième volet d’une trilogie dont les deux premiers titres sont Le Prince de la brume et Le Palais de minuit

Un grand merci à ma mère pour m’avoir prêté ce livre et fait découvrir cet écrivain au talent inné de conteur, un romancier que je n’aurais sans-doute pas pris l’initiative de lire seule. Je réitérerai l’expérience avec plaisir… Peut-être en lisant LOmbre du vent qui me tente grandement…

En panne de lectures ? Pourquoi ne pas se plonger dans ces romans aux thèmes analogues tels que L’Eve future de Villers l’Isle-Adam, Les contes d’Hoffmann ou bien encore La dame en noir de Susan Hill ?

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10 commentaires pour Les lumières de septembre

  1. streetssounds dit :

    La façon dont tu parles de ce bouquin me donne tellement envie de le lire que je vais aller l’acheter dès demain matin! Je ne peux également que te conseiller de lire l’Ombre du vent (ce qui t’a séduite dans ce roman-ci me semble très présent dans cet autre roman) et de passer ton chemin quand tu verras « Le jeu de l’ange » vraiment trop facile et plus assimilable à un roman de gare 🙂

    • missycornish dit :

      je note! Je vais jeter lire prochainement l’ombre du vent. Tu me diras ce que tu penses des lumières de septembre. Moi j’ai bien aimé.

    • M de Brigadoon Cottage dit :

      Trop facile n’est peut-être pas le mot que j’utiliserai .
      Ce sont des romans de jeunesse et que personnellement je trouve très bien écris ( ce qui est rarement le cas des romans de Hall de gare ….) . Mais je suis entièrement d’accord Pour l’Ombre du vent qui pour moi est le meilleur .

  2. cora85 dit :

    Il me faut à tout prix découvrir cet auteur !

    Ondine

  3. Cleanthe dit :

    L’ambiance gothique et les rapprochements litteraires que tu fais, tout cela me fait bien envie. Ce roman me tente énormément. Je ne sais pas pourquoi je n’ai rien lu encore de cet auteur.

  4. Cleanthe dit :

    Mon nouveau blog, ma nouvelle adresse, mais qui continue l’ancien, loin de l’avalanche publicitaire de mon ancien hébergeur que j’ai fini par fuir en me mettant à mon compte :-). Si cela te dit d’y jeter un œil:

    http://www.danslabibliothequedecleanthe.fr/

  5. Simone dit :

    J’ai adoré « l’ombre du vent » également.

  6. clairebelgato dit :

    je conseille fortement le palais de minuit ainsi que le prince de la brume ! Carlos Ruiz Zafón est un très bon auteur, qui sait mettre de belles intrigues tout en restant suffisamment accessible pour convenir à un large public ! Pas encore lu les lumière de septembre mais il est dans ma pal !

  7. M de Brigadoon Cottage dit :

    Merci Ma Biche ! Je suis contente de partager mes lectures avec toi . Comme Catherine mon favori est « l’ombre du vent » Mais Carlos Luiz Zafon est toujours une bonne idée pour se ressourcer . J’aime son monde fantasmagorique et décalé et j’aime la manière dont il dépeint la société . C’est à la fois nostalgique , poétique et aussi parfois drôle , même si le sujet ne l’est pas lui . Bref ! Pour moi c’est une lecture très riche . Ce qui est bien encourageant dans ce monde où les auteurs produisent de la « littérature  » consumériste.
    J’attaque aujourd’hui notre livre pour la lecture commune ….

  8. Catherine dit :

    L’ombre du vent est celui que j’ai prefere de Carlos. Les autres jeunesse etaient bien mais j’ai moins accroche. J’ai lu aussi ceux qui precedent l’ombre du vent et celui d’apres. Les lumieres de septembre je ne le connais pas mais a lire!

On papote?